Le grand retour de la haine antisémite
C’est en toute connaissance de cause que ce site fait appel au concept générique d’antisémitisme lorsqu’il s’agit d’évoquer la détestation des Juifs, non pas au 20e ou 21e siècles seulement, mais depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Le terme pourrait paraître déplacé et inadéquat à plusieurs titres : d’une part les Sémites, d’un point de vue anthropologique n’existent pas en tant que groupe humain spécifique – si ce n’est dans l’imagination des racistes, et ce au même titre que les Aryens ; d’autre part, le terme d’antisémitisme été forgé de toutes pièces, à la fin du 19e siècle, pour stigmatiser les Juifs. Le terme « judéophobie » lui aurait été sans aucun doute, et de loin préférable mais celui-ci ne s’est imposé ni dans le champ scientifique, ni dans le champ juridique et encore moins dans le champ politique. Faute de mieux, donc, « antisémitisme » sera le mot utilisé de préférence à tout autre dans les deux acceptions décrites ci-dessous, l’une globale et générique, l’autre restreinte et datée :
- Acception globale et générique : le mot décrit l’ensemble des phénomènes d’hostilité et de rejet des Juifs de l’Antiquité à nos jours et ce, quand bien même, répétons-le, le mot ne daterait que de la fin du 19e siècle. Dans ce cas, le mot intègrera l’antisémitisme dans toutes ses acceptions : antjudaïsme, antisémitisme d’essence religieuse, démonologique, moderne, racial et antisionisme radical
- Acception restreinte et datée : ici, le mot antisémitisme regardera et concernera la haine obsessionnelle, conspiratoire, démonologique qui, dans ses divers avatars, empoisonne la vie des Juifs depuis les 11e et 12e siècles. Le rejet est désormais hallucinatoire, paranoïaque, au sens où, à partir de là, le judaïsme est perçu non plus en tant que religion mais comme une organisation conspirative placée au service du mal. Dans cette tournure spécifique, et obsessionnelle, l’antisémitisme des 19e et 20e siècles trouve ses marques à droite comme à gauche.