Le "Gros Jacques", un Juif au service des nazis
Souvent l’on entend dire qu’un Juif parce que juif ou un Arabe parce que « sémite » ne saurait être antisémite. Ainsi en 1967, Ibrahim Makhos le ministre des affaires étrangères syrien refusait de considérer l’antisémitisme comme mobile de la politique arabe ; y voyant même une contradiction dans les terme, puisque, signalait-il, « les Arabes sont non seulement des Sémites mais de vrais sémites. En conséquence, nous condamnons tout antisémitisme, car cela équivaut à être anti-arabe [1] ». Cette double assertion, revenons-y une fois encore, est absurde à plus d’un titre :
- Les « Sémites » n’existent que dans l’imaginaire des antisémites.
- Le vocable antisémite n’a jamais désigné autre chose que la détestation des Juifs ; bref tous ceux qui haïssent les Juifs parce que juifs, qu’ils soient belges, arabes ou… juifs, sont objectivement antisémites.
- Tout individu peut être amené à rejeter et haïr sa propre identité. L’histoire tourmentée des Juifs fourmille d’exemples de Juifs hostiles au peuple dont ils sont issus. C'est un Juif baptisé qui convainc Louis IX de rétablir l'usage de la rouelle, l’ancêtre de l’étoile jaune ; un autre, Nicolas Donin de la Rochelle, d’exhorter ce même roi à faire le procès du Talmud. On songe encore à cet autre converti au catholicisme, le philosophe Otto Weininger , dont le suicide est à l’origine du concept de « haine de soi », théorisé en 1930 par l’écrivain Theodor Lessing dans un ouvrage intitulé Der Jüdische Selbsthaß. Adolf Hitler aurait déclaré à propos de ce pamphlétaire juif, misogyne et antisémite, qu’« il n'y eut à Vienne qu'un seul juif honnête et il s'est suicidé. » Theodor Lessing pour sa part sera assassiné par les nazis dès 1933. Les Juifs de Belgique se souviennent encore d’Icek Glogowski, dit le « gros Jacques », qui se mit au service de la Sipo-SD pour traquer les Juifs bruxellois.[2] On pourrait peut-être aussi s’interroger sur le cas d’Eric Zemmour, autre de ces Juifs en délicatesse avec leur identité d’origine. Sa défense du Maréchal Pétain, ses doutes quant à l’innocence du capitaine Dreyfus, ses critiques envers le « communautarisme » juif posent indubitablement question.
[1] Voir son interview dans l’Humanité, 13 décembre 1967.
[2] D’un autre côté, l’Histoire a montré de nombreux exemples de Juifs qui se sont opposés au judaïsme sans verser le moins du monde dans l’antisémitisme. Ainsi par exemple l’inspecteur des écoles et censeur des publications juives de l’Empire autrichien, Herz Homberg qui, jusqu’à sa mort en 1841, s’opposa vigoureusement, par rationalisme, à l’influence et à l’impression des ouvrages rabbiniques. On songe encore à Simone Weil, dont l’antijudaïsme extrémiste et violent n’a jamais versé dans l’antisémitisme.