Les Juifs constituent d’abord un peuple, c’est-à-dire un groupe humain qui revendique des origines (peuple hébreu), une langue (hébreu), un territoire (Israël, aujourd’hui partagé avec la Palestine), une foi (judaïsme), une identité (judéité), des valeurs, des traditions, une culture commune. Cette réalité impose d’écrire « Juif » avec un « J » majuscule. Si la religion est aujourd’hui le principal marqueur identitaire du peuple juif, c’est à la suite des multiples vicissitudes subies par ce même peuple. Frappés par plusieurs vagues d’expulsions sur plusieurs siècles, entre -597 et +135, la majorité des Juifs de Judée s’est vue contrainte à l’exil. Ces aléas ont conduit à la dispersion (diaspora) du peuple juif, autour de la méditerranée d’abord, puis dans le reste du monde - et ce, quand bien même une population juive ses soit toujours maintenue dans son berceau historique. Privé de territoire et d’autonomie propres, les Juifs perdent leur statut de nation. On écrit alors « juif » avec un « j » minuscule. Seule la religion assure désormais la cohésion des Juifs de la diaspora. La Synagogue s’impose comme le conservatoire de l’identité juive. Comme dans le cas d’autres peuples, tels les Arméniens, nation et religion se confondent ici.
Mais si le judaïsme est une religion, elle est aussi un marqueur identitaire. Raison pour laquelle l’on peut être pleinement juif sans être pratiquant – et le rester tout en étant athée. De ce point de vue, les Juifs constituant un peuple, et un peuple maltraité, le projet sioniste doit être perçu comme un mouvement de libération nationale, son objectif étant de ramener les Juifs vers le territoire d’où ils ont été à maintes reprises expulsés.