8. Les Juifs sont-ils responsables de la haine dont ils sont l’objet ?


La cour intérieure du SS Juden Sammellager Mechelen (fonds Kummer).
Caserne Dossin à Malines.

 


De la fumée sans feu !

L’hostilité à l’égard des Juifs ne repose sur aucun élément tangible. Contrairement à la doxa antisémite, à toutes les époques et en quelque lieu qu’elle occupe, cette population se montre loyale envers les Princes qui les gouvernent. En tant que minorité au statut de paria, elle n’a de fait d’autre choix que celui de l’obéissance et de la fidélité. D’où les stratégies d’évitement et d’intégration qu’elle développe, ici et là, lesquelles expliquent que, au fil du temps, les Juifs finissent par ressembler à leurs voisins au point de ne plus se distinguer d’eux, ni par la vêture, ni par la langue, ni par le comportement général. Ce phénomène d’acclimatation ne sera pas sans conséquence. Pour ceux qui se méfient d’elle, cette communauté, maintenant invisibilisée, constitue une menace supplémentaire. D’où l’impérieuse nécessité de la marquer d’un signe distinctif. Quoiqu’exagérée, la boutade de Sartre selon laquelle « ce sont les chrétiens qui ont créé le Juif en provoquant un arrêt brusque de son assimilation », n’est pas dénuée de pertinence.

 



Musée Kazerne Dossin à Malines.

 


Les Juifs et la Shoah en France et Belgique

Sur les trois millions d’étrangers que compte la France avant la Seconde Guerre mondiale, seuls les Juifs, y compris les Juifs de nationalité française, seront désignés comme responsables de la défaite de 1940 - avant d’être livrés aux nazis.  Les données relatives à la France (voir à ce propos les travaux de l’historienne Annette Wieviorka) illustrent en quelques chiffres ce cruel acharnement :

  • 63.085 personnes (résistants, otages, raflés, droits commun) sont déportées de France vers les camps de concentration, soit 0.15% de la population française. 59% d’entre elles, soit 37.026, retrouveront leur pays.
  • Dans le même temps, 30% des Juifs de France, soit 75.721 individus, partent vers les centres d’extermination de l’Est. Parmi eux, seuls 2.500 survivront – soit 3% et/ou 13% des Juifs non gazés à leur arrivée dans les camps de la mort.
  • En Belgique, tandis que la population juive comptait, en 1939, pour 0.3% de la population totale, les Juifs constituèrent 60% des victimes de la déportation. 43% des Juifs de Belgique furent assassinés « contre » 0,16% de la population globale belge. Ces statistiques sont en soi édifiantes.

En résumé, l’antisémitisme doit être envisagé comme une pure construction sociale qui pose le Juif, non pas tant comme inférieur (racisme) ou étranger (xénophobie) mais bien davantage comme un danger tantôt pour la religion, la nation, la race, l’économie et désormais à travers l’antisionisme radical, la paix dans le monde.