3. Antisémitisme : haine des Juifs et/ou des Arabes ?


Le vocable « antisémite », forgé en Allemagne autour de 1875 n'a jamais concerné, rappelons-le,  d’autre groupe que les Juifs. Il n’a jamais visé les Arabes et a fortiori les musulmans. En lieu et place de Judenhaß, le terme antisemitismus fut forgé pour donner un cachet rationnel, scientifique à la haine des Juifs.  Hostile à leur émancipation, Wilhelm Marr publia, en 1879, La victoire de la judéité sur la germanité, un ouvrage décrivant un prétendu conflit entre les Allemands et les Juifs dont il exigeait le retour en Palestine, un leitmotiv des plus populaires dans les milieux antisémites de l’époque.

 



Les nazis, reprenant à leur compte cette idée de guerre de civilisation entre « l’ancien peuple élu » (les Juifs) et le nouveau peuple élu (les « Aryens »), justifièrent par ce motif leur politique génocidaire. On chercherait en vain dans Mein Kampf le moindre indice d’hostilité d’Adolf Hitler à l’égard des Arabes ou de l’Islam. Au contraire, les nazis n’auront de cesse de convaincre les musulmans de les rejoindre dans leur croisade contre l’impérialisme britannique et la judéité. Les nazis eux-memes rechignaient à utiliser le terme d’antisémitisme pour ne pas éveiller l’hostilité de leurs sympathisants dans le monde arabe.

 



Les nazis accueilleront durant toute la durée de la guerre, le leader du mouvement national palestinien, le grand mufti de Jérusalem Haj Amin al-Husseini. Le fait qu'il fût théoriquement « sémite » ne dissuada en rien Heinrich Himmler, le chef de la SS, de l’encourager dans son combat « contre le Juif étranger[1]».

 


[1] Moshe Pearlman, Mufti of Jerusalem, Londres, V. Gollancz,…